Bienvenue sur ma newsletter “Les Pépites de Romain”. Je m’appelle Romain Bastide, je suis coach mental de champions. Entre deux coachings, je vous partage mes réflexions 💡 et mes dernières trouvailles 💌 : performance, concentration, quête de flow, créativité, hypnose, préparation mentale, remises en question, sport de haut niveau, entrepreneuriat…
Salut les chercheurs d’or.
Je vous emmène en voyage cette semaine, couvrez-vous il va faire froid !
Et surtout prenez votre temps, cette pépite est plus longue que d’habitude (temps de lecture 12 minutes).
4 décembre 2018 - Mont Sněžka - Pologne
Cela fait maintenant 15 mois que j’ai découvert la méthode Wim Hof.
Un soir d’errance sur YouTube je tombe sur ce documentaire.
(Il faut savoir que je passe beaucoup de temps sur Youtube en mode boulimique de dev perso...).
Je suis vite fasciné par ce fou hollandais, par son histoire, ses records, son énergie et la certitude qu’il transmet aux autres.
Allez c’est bon j’ai trouvé mon nouveau guru.
Pas gourou au sens gourou mais gourou au sens guru : un guide qui vous aide à devenir plus libre, plus soi même.
De nos jours, on peut facilement se gourer et devenir agourouphobe.
Une bonne question à se poser quand tu suis les enseignements de quelqu’un : est-ce que je deviens plus ou mois libre ?
Donc le lendemain c’est parti je me suis trouvé une nouvelle passion.
Je commence les douches froides (c’est froid et je déteste le froid).
Je fais l’exercice de respiration tous les matins (effet de dingue).
Au bout de quelques jours j’observe un regain de vitalité (on dirait un slogan pour une cure thermale à Vichy - pas la pastille ni le régime).
J’arrête de subir mon corps.
J’en prends possession.
Je le découvre (là on dirait un mauvais téléfilm érotique du dimanche soir sur M6).
Le froid devient progressivement mon guide.
Il me fait découvrir mes peurs, mes mécanismes de défense, mes croyances limitantes sur la santé, mon égo surdimensionné (ca n’a pas trop changé ça - le mec se prend pour Jean-Claude Vandamme et écrit un blog avec ses pépites 🤦♂️).
Je pratique la méthode tous les jours pendant 1 an puis je m’inscris à la formation pour devenir instructeur de la méthode.
Autant faire les choses jusqu’au bout.
Ma femme vous dira que je suis un extrémiste.
Ne lui dites surtout pas mais elle a souvent raison ma femme.
Je pars un premier week-end chez Wim Hof himself à Stroe aux Pays Bas.
On a le choix entre camper dans son jardin ou se loger soi même.
Je prends l’option loge it yourself, un hôtel bien confortable pour ne pas prendre trop de risque.
J’aime bien mon petit confort, je suis plutôt golden routard que routard.
Le week-end est franchement cool.
Juste j’ai du mal à rester éveillé pendant les cours de biologie et les explications scientifiques.
Je suis plus branché pratique que théorie.
C’est pratique du coup.
Enfin en théorie.
Je fais mon premier bain de glace.
Accompagné par Wim Hof à la guitare.
J’avais trop peur de ne pas y arriver mais ça se passe bien.
Je ne voulais pas décevoir Wim.
C’était mon grand chelem, mon Wim-bledon à moi.
Je découvre lors de ce week-end une quarantaine de personnes venues du monde entier.
Certains de Nouvelle-Zelande et d’Australie.
J’hallucine moi qui ait trouvé le Thalys pour Amsterdam un peu long.
Chacun a son histoire.
Je suis particulièrement touché par celle de Johann, un policier hollandais qui s’était retrouvé après quelques années de Maladie de Lyme à ne plus pouvoir sortir de son lit.
Maintenant il gambade.
Wim Hof nous fait des confidences le soir au coin du feu.
Il nous raconte le suicide de sa femme.
Comment il est allé chercher des réponses dans le froid extrême.
Il ne compte pas, il fait des heures sup.
Il est là, présent avec nous.
Tout simplement.
Happy, Strong & Healthy comme il dit.
Le week-end était cool, j’avais peur de ne pas suivre physiquement.
Une bonne pré-chauffe.
En revanche la semaine de fin de formation en décembre en Pologne me paraît déjà beaucoup plus hostile.
On est loin du golden routard.
Avion pour Prague puis 2h30 de bus (je déteste le bus), on arrive et on dort dans des chambres à 3 (j’aime pas les gens, surtout la nuit, je me sens oppressé par chaque petit mouvement ou micro bruit), et il n’y a pas de chauffage (tu t’attendais à quoi ??).
Je prends sur moi.
Je prends cher sur moi.
Mes chers compatriotes.
Je suis le seul français 🇫🇷 .
Je vais défendre nos couleurs.
Ca n’a pas commencé que je me pèle déjà les miches (Buckanon mais sans Pamela).
Je vais devoir tenir 5 jours comme ça.
Demain c’est (très) loin.
La première journée est plutôt sympathique (même si je me réveille avec la crève, que j’ai l’impression de subir mon corps again et d’être faible).
Tout le monde se présente.
Dommage que je ne m’appelle pas Henri j’aurais pu faire la blague.
Wim Hof est venu avec sa guitare 🎸, et son maillot de bain, classique.
Minimaliste le mec.
L’après-midi c’est le premier test en pleine nature.
12 min tous ensemble dans la rivière glacée.
En rentrant dedans je pensais qu’on allait faire 2 minutes.
Mais non.
On se fait tous challenger pour tester nos limites en tant que futur instructeur.
Très vite une solidarité magique se met en place dans l’eau glacée.
Un chant mantra improvisé sort du groupe.
On se rapproche.
On tiendra tous ensemble (où est Charlie et son bonnet improbable ?).
Chacun envoie de la force aux autres.
Chacun reçoit la force des autres.
Le temps n’existe plus (il existait déjà pas avant mais là j’en fait vraiment l’expérience).
Nous sommes un.
Ouf on nous indique que c’est terminé.
On sort de la rivière à la queue (tout petite) leu leu.
Et c’est là que ça commence en fait.
Mon corps est translucide de la tête au pieds.
L’espace d’une seconde une pensée traverse mon esprit: je ne vais jamais réussir à me réchauffer, c’est impossible. Call 911.
Mais pas le temps de douter.
C’est parti je dois me réchauffer et pas le droit de s’habiller tant que ton corps est pas revenu back to normal.
Je bouge, je respire, je mets du feu dans mon corps.
Je lui parle.
Pendant 30 minutes non stop.
Come on.
Je suis un rugbyman néo-zélandais.
Le soir je me couche j’ai toujours les doigts de pieds en mode Toutankamon.
Je suis lessivé.
Demain c’est encore très loin.
Je me réveille avec un gros rhume.
Et merde je pense que c’est l’élimination.
Heureusement qu’on est pas dans Squid Games.
Je tiendrai jamais 4 jours de plus comme ça.
Pas de petit dej on doit d’abord rejoindre Wim dans le basement pour 1h de respiration.
Si j’avais pu me commander un Uber je serais parti direct.
Je me trouve un petit coin pour m’allonger.
La moitié de la salle tousse.
C’est idiot mais ça me rassure.
Wim Hof nous envoie dans l’espace.
Respiration holotropique, âme sensible s’abstenir.
J’ai l’impression d’avoir pris du LSD même si j’en ai jamais pris (trop peur).
Pendant 5 minutes je me retrouve le corps tétanisé.
Je ne peux plus rien bouger.
Au début je panique.
Mais le groupe, la musique, Wim.
Je lâche prise.
J’accepte.
Je passe au travers.
Je sens que mon corps lâche des trucs.
Des vieux traumatismes d’enfant.
Je vois des flashs.
C’est la boite de nuit dans ma tête.
Je ne sais plus trop comment je m’appelle (Henri ?).
Je me couche le soir en pleine forme.
Demain c’est plus si loin.
Je me rapproche de mes roomates.
On passe 3 jours à partager, apprendre, pratiquer.
Chaque personne doit passer 15 minutes devant tout le monde pour raconter son histoire.
Le grand oral en mode bienveillant et sans compétition.
C’est extraordinaire.
Pas de jeux de rôles, que des personnes le coeur ouvert.
Cela fait du bien.
L’avant dernier soir on se prépare pour la grande finale, la dernière épreuve, celle dont tout le monde parle depuis le début.
L’ascension du Mont Sněžka en short 🩳, torse nu.
On me donne des crampons.
Je vais me cramponner.
Je dors très mal.
Comme la veille d’une finale ou de Noël quand tu sais que tu ouvres tes cadeaux le lendemain.
9h00 on sort du bus à moitié à poil.
9h01 c’est officiel j’ai froid (il fait 0 degrés en bas et -15 au sommet).
Il me reste 3h d’ascension mais je suis en pleine descente.
J’ai peur.
9h02 je reprends mes esprits : une seule méthode possible, rester dans le présent, se concentrer, et utiliser sa respiration comme accès à son thermostat intérieur.
C’est parti.
Au bout de 20 minutes je trouve mon rythme.
Je marche 2h sans jamais laisser mon esprit partir ailleurs ou me raconter des conneries du style je suis une merde, je suis faible et je ne vais pas y arriver.
On nous indique qu’il reste juste la dernière partie de l’ascension : plus technique et très exposée au vent latéral.
En effet, ça souffle fort, et un vent glacial avec une petite pluie fine.
Le sol est gelé on doit mettre ses crampons.
C’est la patinoire.
Ca se durcit.
En 5 minutes c’est la tempête : 60km/h de vent (j’ai pas mesuré mais vous voyez l’idée) et -15 degrés.
Et d’un coup, je ne vois plus rien.
Le vent souffle tellement fort que je tiens à peine debout.
Heureusement j’ai gardé mon partenaire (on est tous en binôme) en visu.
Je sens le danger, c’est pas normal, pas comme prévu.
Très vite le message est passé dans le groupe : game over on doit tous se rhabiller et faire demi tour.
Tout s’accélère.
Je prends mon sac à dos pour y prendre mes affaires (teeshirt, pull, manteau, pantalon & gants), mais là petit problème technique.
La fermeture éclair est gelée et mes mains aussi, je tremble et je suis incapable de l’ouvrir.
3 secondes d’intense panique.
Heureusement un des formateurs passe par là et m’aide à ouvrir le sac magique.
En 3 secondes j’ai pris froid.
3 secondes de déconcentration.
Mon partenaire / binôme plus expérimenté et déjà rhabillé me donne un coup de mains pour m’habiller.
C’est la tempête, je sais plus où est ma mère.
Je suis comme un petit enfant qui a peur et cherche la main de sa maman.
Des images d’accident, des odeurs, des flashs remontent à la surface (dont une belle chute d’un ravin quand j’avais 13 ans).
« We need to move ! » me dit mon partner.
Hein sorry you talking to me ?
Je reprends mes esprits (es-tu là ?) et on commence la redescente vers le refuge.
A ce moment là j’ai aucune idée d’où on est et de combien de temps on va mettre pour aller au refuge.
Je ne suis pas vraiment en danger car je suis tout habillé et on est pas à 8000m d’altitude.
Mais je suis quand même en panic mode.
Mon champs de vision est tout petit petit (pas que mon champs de vision à ce moment précis).
Bref on commence péniblement à descendre pas à pas sur le sentier glacé.
On s’attache à la chaine.
Je titube, j’ai l’impression d’avoir 2 grammes d’alcool dans le sang et de rentrer de soirée open bar (was a long long time ago).
Une personne vient de nous passer devant, il descend comme un zombie qui fuit la fin du monde.
Il fait 1m95, c’est un américain genre ancien marines.
Là il fait pas le malin le marinesssss.
Il nous calcule même pas, son cerveau reptilien a enclenché le mode survie.
2 minutes plus tard, on aperçoit une fille du groupe qui est assise par terre et qui se tient à la chaine.
Pareil elle a l’air bourrée.
« Come on we need to move ».
Allez lève toi !
Elle nous regarde, le regard vide.
Alors regarde, regarde un peu.
Son esprit est ailleurs, je comprends rien à ce qu’elle dit.
On essaie de la relever, elle se casse la gueule.
Elle est toute frêle mais là elle pèse le poids d’un âne mort.
D’ailleurs j’ai pas vraiment envie de mourrir ici comme un âne.
« Come on we need to move ».
Ouais t’es marrant mais j’arrive à rien avec notre amie.
On va quand même pas la laisser là !
Une idée brillante me vient à l’esprit.
Je m’assois derrière elle et je la mets entre mes jambes.
Et je commence à la faire glisser marche par marche.
A ce moment là je suis encore en maillot de bain.
Oui je n’ai pas eu le temps ou la force physique de remettre un pantalon.
Cela dure 1 minute max, pour me rendre compte que mon idée n’était pas si brillante.
Et là il se passe un truc que je n’oublierai jamais.
Un truc clique dans mon cerveau et prends le contrôle de mon corps.
Ce truc décide de me mettre debout.
Et de partir.
De la laisser planter là.
De l’abandonner.
Je n’ai plus aucune lucidité.
Je ne tiens plus debout.
Je vois trouble.
Je suis passé de 2g à 3g dans le sang dans le ressenti.
J’ai perdu mon partenaire.
Je me casse la gueule 3 ou 4 fois.
Je ne sais pas combien de temps cela dure.
Peut-être 5 minutes.
Et finalement j’aperçois ce refuge jaune.
J’ouvre la porte.
La moitié du groupe est déjà là.
Je me pose sur une chaise.
Je black out pendant 15 minutes je reste immobile et je ne parle pas.
Je vois tout le monde qui revient un par un.
Tu peux lire un mélange de peur extrême et de soulagement sur chaque visage.
Quelques petits bobos par ci par là mais rien de grave.
Et là je vois arriver la fille que j’avais abandonné.
Un instructeur qui suivait le groupe l’a trouvé et descendu sur son dos.
Balaise le mec, quand je pense que j’ai même pas réussi à la relever.
Une partie de ma culpabilité s’en va en la voyant en vie.
Mais qu’une partie, au fonds de moi je me dis que je suis une merde.
On passe 1h dans le refuge.
La fille est évacuée avec les secours.
Tout le monde commence à raconter sa version de l’histoire.
Certains étaient proches du sommet quand c’est parti en sucette.
Il y a 40 histoires différentes.
Puis on doit redescendre.
On fait le trajet retour tout habillé.
J’ai jamais eu aussi froid de ma vie.
J’ai trouvé cela interminable.
On retrouve la fille en bas en poste de secours.
Tout va bien, ouf.
Le soir on va prendre 3 heures pour debriefer tous ensemble.
Je me rends compte assez vite que je ne suis pas le seul à être rempli de culpabilité.
Certains ne comprennent pas comment ils ont pu descendre en ignorant totalement les autres.
Instinct de survie quand tu nous tiens.
Je comprends aussi que mon comportement de sauveur qui ne veut pas lâcher a mis la fille en danger.
Et m’a mis en danger.
Parce que j’ai failli me retrouvé à devoir être assisté et que le guide n’aurait pas pu s’occuper de 2 personnes.
Puis on est passé de la culpabilité à l’amour.
On a fait un jeu marrant chacun à poser une feuille A4 sur la table avec juste son nom en haut.
Et tout le monde a écrit un mot sympa sur la feuille de chacun.
Un concentré de love.
Ah oui et j’oubliais l’essentiel et vous allez comprendre pourquoi j’ai appelé cette pépite « pas de cul ».
En rentrant le soir, une fois que l’adrénaline est redescendue, j’ai commencé à avoir mal à la fesse gauche.
Stupeurs et tremblements en découvrant la gueule de ma fesse (photo réalisée sans trucage).
Et merde.
C’est moi qui vais devoir aller à l’hôpital.
Quelle blague.
Je suis furieux.
Et j’ai mal surtout.
Tout le monde passe devant mon cul et ne retient pas sa surprise.
“What da fuck man what happened to you.”
Bah rien j’ai pas de cul.
Miguel, un de mes 40 nouveaux meilleurs amis pour la vie passe par là.
Il me rassure et me dit qu’il va s’occuper de ma fesse.
Et là il me sort une valise remplie d’huiles essentielles.
Il me bombarde la fesse d’huile de Géranium.
Ca bruleeeeeeeeee.
Certains lui disent qu’il est fou de mettre cela à même la plaie.
Je sais pas pourquoi mais je lui fais confiance.
Je vais pas vous faire un reportage photo mais au bout de 5 jours ma fesse avait complètement cicatrisée.
L’infirmière qui venait changer mon pansement a halluciné (je devais en avoir pour 5 semaines de cicatrisation).
Voilà ce séjour restera un moment incroyable de ma vie.
J’ai appris tellement de choses sur moi, sur la vie, sur le corps, sur la peur.
3 ans plus tard Wim Hof continue à faire partie de ma vie.
Je continue à apprendre dans le froid.
Et surtout je suis en pleine forme.
Et j’adore le froid.
Voilà pour cette très longue pépite.
Alors j’ai eu du cul ou pas ?
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