Bienvenue sur ma newsletter “Les Pépites de Romain”. Je m’appelle Romain Bastide, je suis coach mental de champions. Entre deux coachings, je vous partage mes réflexions 💡 et mes dernières trouvailles…
Salut les chercheurs d’or.
Si vous avez raté les dernières Pépites et bien les voici les voilà :
🌀 #30 Faire son Upgrade - immersion dans mon programme de coaching digital.
😩 #31 Le goût de la défaite : l’art d’apprendre à perdre pour gagner.
📽️ #32 Vis ma vie de coach : je vous fais rentrer dans les coulisses de mon activité professionnelle.
😭 #33 Un peu trop sensible : voyage au pays de mon hypersensibilité débordante.
🏆 #34 Le goût de la victoire : est-ce que gagner rend plus heureux ?
Et c’est parti pour la #35 !
J’avais écrit une partie de cette histoire, avant de lancer mes Pépites.
Quand j’étais jeune et insouciant et que je n’avais pas d’enfants, je pratiquais un sport légèrement extrême : la chute libre.
Oui vous savez cette activité qui consiste à sauter d’un avion en marche, à 4000 mètres d’altitude avec un sac à dos. Pour passer une petite minute d’éternité à voler dans le ciel, dans toutes les positions possibles (la plus technique étant la tête en bas), pour ensuite sortir son parachute de son sac à dos vers 1000 mètres d’altitude. Puis faire une petite promenade sous voile (tu peux admirer le paysage tranquillement tout en visant ta zone d’atterrissage) et se poser tranquillement (ou pas) sur une drop zone de préférence vent de face (sinon gamelle assurée).
Au total, j’ai fait une centaine de sauts en 3 ans et une dizaine d’heures de soufflerie (une grosse machine qui fait du vent et qui permet de s’entraîner).
On était un petit de groupe de potes, à fond, on s’organisait des séjours dans le sud de la France, au Maroc, en Espagne. Un peu comme dans Point Break, mais sans les braquages et sans le surf.
J’en garde des souvenirs incroyables (merci Rod pour la vidéo) mais c’est un sport très exigeant, qui m’a demandé un gros travail sur moi. Je vous explique pourquoi.
Quand tu es en mode « control freak » c’est compliqué de sauter d’un avion avec un sac à dos à 4000 mètres d’altitude, en étant complètement détendu.
Tu as beau avoir les statistiques en tête, et savoir que la probabilité qu’il t’arrive une couille est quasi nulle, ta tête va toujours réussir à te créer des scénarios improbables.
Mon esprit torturé de l’époque (j’ai fait un peu de chemin depuis) me laissait rarement tranquille et chaque saut était un mélange de torture psychologique et de plaisir intense.
Je me rappelle notamment un saut ou j’ai passé toute la chute à vérifier que ma sangle était bien mise, et que mon sac à dos n’allait pas se barrer à l’ouverture.
J’enviais mes potes dans la montée de l’avion qui se faisaient des blagounettes, tu avais l’impression que c’était business as usual, alors que moi dans mon coin, je me faisais violence pour ne pas partir en crise de panique.
Ça s’est amélioré au fil du temps, des sauts et de l’expérience, mais je n’ai jamais réussi à aller au-delà et à me sentir complètement libéré.
En parlant de libération, je me rappelle un saut en particulier.
Nous étions à Gap en juin 2008 pour un festival de chute libre (un Boogie comme on dit dans le milieu). Pendant 2 jours c’était la folie tu pouvais notamment faire des sauts avec pleins d’avions ou d’engins différents : hélicoptères, avions de l’armée notamment celui à « tranche arrière » que l’on voit dans les films de commandos.
Truc de fou, tu pouvais sortir en courant de l’avion et te jeter dans le vide. Normal. Business as usual.
Lors de mon 74e saut, j’étais en équipe avec mon pote Arthur, on a fait mumuse pendant tout le saut c’était cool. Je crois qu’on avait joué à chat, tu dois toucher l’autre en l’air, c’est assez ludique.
Catch me if you can, à 3000 mètres d’altitude!
Vers 1500 mètres, on check l’altimètre et c’est l’heure de la séparation, on se dit ciao et chacun part de son côté dans le ciel, pour ouvrir son parachute en toute sécurité (oui ce n’est pas idéal d’avoir un mec qui te tombe dessus à 200km/h au moment où tu ouvres ta voile).
A chaque ouverture de parachute, c’est un peu comme les résultats du BAC : tu cherches ton nom sur le tableau, est-ce que tu l’as oui/non avec mention oui/non.
Tu ne sais jamais trop à quelle sauce tu vas être mangé. Et là c’est pareil au moment où tu ouvres ton parachute, tu ne sais jamais quel cadeau tu vas récupérer.
99,99999999999% du temps ça se passe bien, au pire c’est un peu emmêlé au-dessus de toi, mais en battant des jambes 3 secondes, ça se remet à l’endroit et tu peux faire ta promenade et te poser tranquille.
Mais lors de ce 74e saut, j’ai mis un peu de temps à trouver mon nom sur le tableau des résultats du BAC.
J’ouvre mon parachute, je me prends la petite décharge d’adrénaline, et là je regarde au-dessus de ma tête, mon parachute est tout emmêlé.
Classique, ça arrive, business as usual, je bats des pieds pour remettre tout en place. Et là moins classique, il ne se passe rien. Pire je me retrouve avec le parachute en vrille sur le côté, limite en dessous de moi.
Ça va très vite, mon cœur s’accélère, je rebats des pieds un bon coup en tirant en même temps sur les fils. Et là toujours rien, et je continue à chuter à grande vitesse (jusqu’ici tout va bien).
Cela ne dure que quelques secondes mais ce sont des secondes de trop quand tu chutes à 50 mètres secondes vers le sol (certes le parachute mal ouvert ralentit un peu la course mais tu fais le calcul le sol est vite arrivé).
Et là subitement, il se passe un truc dans ton cerveau, quelque chose ou quelqu’un vient toquer à la porte en te disant, écoute Romain ce n’est pas normal, il faut que tu agisses vite. Tu découvres l’instant présent, le vrai.
Tu te rappelles vaguement la procédure d’urgence que tu as appris pendant ton stage il y a un an. Oui c’est parti, c’est vraiment réel, ça t’arrive à toi et tu dois réagir maintenant tout de suite. Ce n’est pas un jeu vidéo, tu n’as pas d’extra ball.
C’est parti, je tire sur la première poignée, celle qui libère le parachute principal (en théorie). Et là ça fait tout drôle, tu te sépares du morceau de tissu qui est censé te poser au sol en vie. Ça dure un quart de seconde mais tu sens que tu recommences à chuter, tu te libères d’un poids.
C’est violent, tout se bouscule, je me demande si je viens juste de me suicider ou de me sauver la vie. Pour la forme, je tire dans la foulée sur la deuxième poignée, celle qui ouvre le parachute de secours. Cela dure encore 1/4 de seconde mais le suspense est intenable, est-ce que quelque chose va s’ouvrir.
Et bam d’un coup clac au-dessus de toi un petit string blanc (oui les voiles de secours sont toutes petites) s’ouvre, miracle, je suis en vie. Soulagement intense, immense. Tu sais plus si ton cœur bat tellement trop vite où s’il s’est arrêté.
Je n’en reviens pas, je crie, je hurle. Je suis en vie. Le pied.
3 secondes plus tard, retour à la réalité.
Je suis en vrac avec mon string volant et je dois trouver un endroit où me poser. Je suis à 300 mètres d’altitude au-dessus d’une route nationale.
Je cherche rapidement un carré vert qui pourrait me servir de zone d’atterrissage improvisée. Car oui j’ai perdu un peu de temps et d’altitude avec cette histoire et impossible de rentrer au centre, qui doit être à 5 km à vol d’oiseau.
Je choisis alors un joli carré vert, c’est cool il est tout beau, c’est plutôt un rectangle qu’un carré d’ailleurs mais peu importe. Je respire.
Mais rapidement, je me rends compte que ça va très vite avec cette voile minuscule et qu’il y a beaucoup de vent. Jusqu’ici tout va bien.
Et là mauvaise nouvelle, je m’aperçois que mon eldorado de rectangle vert est entouré de lignes à haute tension. Quelle blague. Ça va vite dans ma tête, je vois déjà la une du journal local : « un parachutiste égaré retrouvé grillé sur un poteau électrique ».
Je n’arrive pas à y croire, je viens de me sauver la vie et là ça pue la mort.
J’arrête de m’apitoyer sur mon sort, et je reprends mes esprits. Concrètement il va falloir bien viser et comprendre comment fonctionne le vent. Mais je n’ai jamais rien compris au vent.
Je fais des petits ronds au-dessus de mon rectangle. Je m’approche du sol. 50 mètres, je refais un petit rond, je me mets vent dans le dos, j’attaque la dernière ligne droite.
Et au dernier moment, à quelques mètres du sol je fais demi-tour, face au vent (et au poteau) et là je me pose comme une crotte. Presque en douceur. Je fais juste une petite galipette.
Mamamia je suis en vie. Je suis figé, tétanisé, je ne peux plus bouger.
Une dame arrive, elle me parle mais je n’entends rien, je suis out. Je suis sorti de mon corps. Je sais plus comment je m’appelle. Pas un mot ne sortira de ma bouche.
30 minutes plus tard je suis de retour au centre. La dame les a appelé et ils sont venus me chercher (le petit Romain attend sa maman à la caisse).
J’ai retrouvé le sourire. Mes potes se foutent de ma gueule, on rigole.
Je remonte dans l’avion suivant, business as usual. Eh oui c’est comme le cheval, il faut remonter vite dessus après la chute !
Qu’est-ce que je retiens de cet épisode ?
1️⃣ Cela peut servir d’avoir un plan B quand tu te lances dans le vide. Mais quand tu n’as plus de parachute de secours et que ton plan B devient ton seul et unique plan, tu deviens vraiment focus, présent, comme jamais.
2️⃣ On n’a pas tous le même rapport au risque et chacun peut faire un petit travail pour s’équilibrer. Typiquement, plus jeune j’avais peur de tout et je vivais toujours en perspective du scénario négatif. Je suis plus zen mais j’ai encore quelques remontées acides par moment.
3️⃣ Un match est terminé que quand il est terminé. C’est important de rester focus jusqu’au bout. Je pensais que j’étais sain et sauf en voyant mon parachute de secours s’ouvrir, mais le match ne faisait que commencer. Cela me fait penser, vous avez déjà dû voir ça : match de tennis, le joueur ou la joueuse mène 40-0. Et Le point d’après il ou elle relâche un peu le focus et tente un truc. 40-15 40-30 40-40 etc tu perds le jeu, tu ne l’as pas vu venir. Pareil pour closer un deal. Stay focus till the end.
4️⃣ C’est utile de visualiser le meilleur, ça permet de se détendre et de profiter du présent. Je crois vraiment que si je devais refaire de la chute libre maintenant (ma femme ne voudra jamais), je pourrais me conditionner mentalement pour bien vivre chaque saut. En visualisant dans le bien-être le scénario de mon saut. Et en imprimant tout ça dans mon petit crâne.
5️⃣ En revanche, si le pire ou le moins meilleur arrive, il faut être prêt à s’adapter. Ne pas se victimiser (pourquoi ça m’arrive toujours à moi je n’ai vraiment pas de chance etc). Accepter et transformer. Une philosophie de vie qui me parait équilibrée serait : Prépare-toi pour le meilleur, mais soit prêt à rebondir dans tous les scénarios possibles.
6️⃣ Tu peux voler avec un string au-dessus de la tête. Oui c’est possible et ça ne mérite pas plus d’explications.
7️⃣ Je n’ai plus, ou disons moins besoin de me mettre en danger, pour me sentir en vie. La vie est un sport extrême quand tu vis l’instant présent. Je suis libre Max, je vole. Love is in the Air. Sans doute depuis que je suis papa…
Après je dis ça mais un lecteur fidèle des Pépites m’a écrit un jour “C'est intéressant comme tu aimes te mettre en danger dans tes prises de parole. Si y'a pas de risque y'a pas de plaisir ?”.
Donc écrire des Pépites serait ma nouvelle chute libre ?
Vous en pensez quoi vous ?
Voilà c’est tout pour aujourd’hui.
Prenez soin de vous et des autres.
From Lisbon 🇵🇹 with Love ❤️,
Romain